grossièreté

grossièreté

grossièreté [ grosjɛrte ] n. f.
• 1642 au sens 2; de grossier
1Caractère de ce qui est grossier, de peu de valeur, ou imparfaitement façonné, exécuté. Grossièreté de fabrication.
2Vx ou littér. Manque de délicatesse, de culture, de raffinement. brutalité, rudesse, rusticité.
Cour. Ignorance ou mépris des bonnes manières; action peu délicate, dans les relations sociales. Cette impolitesse « se rattachait à la grossièreté générale de l'époque » (Romains). goujaterie, impolitesse, incorrection, insolence, muflerie.
3(av. 1696) Caractère de ce qui offense la pudeur, les bienséances. inconvenance, obscénité, trivialité, vulgarité. La grossièreté d'un mot, d'une plaisanterie, de certains graffitis. Caractère d'une personne grossière dans son langage.
Par ext. Une, des grossièretés. Mot, propos grossier. Dire, débiter des grossièretés. cochonnerie, obscénité, ordure, saleté (cf. Gros mot).
⊗ CONTR. Finesse. Délicatesse. Civilité, politesse. Attention, égard. Bienséance, correction, distinction.

grossièreté nom féminin (de grossier) Caractère de ce qui est grossier, épais : Grossièreté des traits. Manque d'éducation, de finesse, de goût : La grossièreté de ses manières est choquante. Caractère de ce qui choque la bienséance ; parole ou action inconvenantes : Dire des grossièretés. Caractère de ce qui manque d'intelligence, de subtilité : La grossièreté d'un mensonge.grossièreté (synonymes) nom féminin (de grossier) Caractère de ce qui est grossier, épais
Synonymes :
Contraires :
- délicatesse
Manque d'éducation, de finesse, de goÛt
Synonymes :
- brutalité
- rusticité
- vulgarité
Contraires :
- délicatesse
- éducation
- élégance
- préciosité
- subtilité
Caractère de ce qui choque la bienséance ; parole ou action...
Synonymes :
- indécence
- trivialité
Contraires :
- bienséance
- civilité
Caractère de ce qui manque d'intelligence, de subtilité
Synonymes :
- énormité

grossièreté
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est grossier, rudimentaire. Grossièreté d'une étoffe.
d2./d Indélicatesse, impolitesse. Répondre avec grossièreté.
d3./d Parole grossière (sens 5).

⇒GROSSIÈRETÉ, subst. fém.
A. — Vieilli. Caractère de ce qui manque de finesse, de ce qui est de médiocre qualité. Grossièreté d'un mets, d'un tissu, d'une matière. Elle était grande, et la grossièreté de ses vêtements ne pouvait dissimuler l'extrême élégance de sa taille (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 92).
Caractère de ce qui est mal fini, imparfaitement façonné. Grossièreté d'un travail, d'une architecture, d'une sculpture. Les fenêtres en ogive avaient été murées avec des briques. La grossièreté de cette maçonnerie (...) faisait un triste contraste avec l'antique magnificence de la boiserie (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 103).
P. ext.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Caractère de ce qui est élaboré de façon imparfaite, approximative. La grossièreté des idées religieuses de tous les peuples sauvages et de beaucoup de peuples civilisés (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 88). La faiblesse et la grossièreté des jugements humains (SAND, Lélia, 1839, p. 468).
2. [En parlant d'une pers., de ses attributs physiques] Caractère de ce qui manque de finesse ou de grâce. La grossièreté de ses sens (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 172). Les yeux humbles et chastes, prompts aux larmes de l'adoration sous les longs cils, changeaient en une pieuse simplesse la grossièreté des traits (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 97) :
1. La crasse grossièreté de nos organes, aggravée par la pesanteur et l'hébétude d'un incurable esprit de géométrie, prépare mal l'entendement obtus à saisir les impondérables.
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 39.
B. — Défaut de civilisation, d'éducation, de culture. Grossièreté d'un peuple barbare (Ac. 1835-1932). — Votre Hermann, dira-t-on, est un campagnard, qu'il aille au village. — Nullement. Au village, il trouvera la grossièreté, l'ignorance, l'inintelligence des choses fines et belles (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 468) :
2. ... à l'époque de la retraite de Moscou, parmi la panique et la sauvagerie d'une armée vaincue, il s'administre des réactifs d'un ordre très spécial : « Je lus quelques lignes d'une traduction anglaise de Virginie, qui, au milieu de la grossièreté générale, me rendit un peu de vie morale... »
BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 228.
Ce qui suppose beaucoup de sottise, d'ignorance ou de maladresse. Grossièreté d'un mensonge; grossièreté d'une erreur, d'une faute, d'une illusion. La grossièreté de cette ruse montrait bien en quelle piètre estime il tenait ses semblables (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 386) :
3. Les égalitaristes modernes, en cessant de comprendre qu'il ne peut y avoir d'égalité que dans l'abstrait et que l'essence du concret est l'inégalité, ont montré, outre leur insigne maladresse politique, l'extraordinaire grossièreté de leur esprit.
BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 100.
C. — Caractère de ce qui est contraire à la bienséance ou à la décence. La grossièreté d'un geste, d'un mot; la grossièreté d'une plaisanterie. Un secrétaire qui m'accueillit avec une grossièreté prodigieuse redevint très poli dès qu'il sut que je n'étais pas français (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 184). La saleté physique (...) la grossièreté de tenue et de propos, souveraines sur les cours du lycée (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 69) :
4. MARTHE : Je ne veux pas manger avec eux. LOUIS LAINE : Pourquoi? Qu'est-ce que tu as contre eux? Voyons, parle! Ils ne nous ont jamais fait que du bien. Ils t'invitent gentiment, et tu refuses avec grossièreté. Tu es restée de ton pays.
CLAUDEL, Échange, 1954, II, p. 757.
P. ext.
1. Caractère d'une personne dont le comportement, le langage sont inconvenants. Cet homme est de la dernière grossièreté (Ac. 1932). On n'imagine pas la grossièreté de ce mousquetaire. Il fait d'ignobles bruits devant les dames, qui applaudissent (GREEN, Journal, 1929, p. 16).
2. Attitude, comportement, propos inconvenant ou manquant de délicatesse. Débiter des grossièretés; se laisser aller à des grossièretés. M. de Freycinet avait commis la grossièreté de laisser sans réponse la lettre [de Me Labori] (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 498). Cet homme semblait voir en elle la petite serveuse en butte aux grossièretés, née pour cet emploi et destinée à y rester toute sa vie (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 165) :
5. Christophe voyait bien que sa mère avait l'air triste (...) elle évitait de regarder l'ivrogne; et elle tâchait doucement de le faire taire, quand il disait des grossièretés qui la faisaient rougir.
ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 43.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1640-42 (OUDIN, Recherches it. et fr., s.v. grossezza : grosseur et grossesse. Simplicité, lourdauderie. Grossièreté : espaisseur. — s.v. grossièreté : grossezza); 2. 1690 « qualité de ce qui est travaillé de façon sommaire et peu fine » (FUR.); 3. av. 1696 « caractère de ce qui est choquant pour la bienséance » (LA BRUYÈRE, III ds LITTRÉ); 4. 1732 (Trév. : Grossièreté signifie aussi Saleté, ordure. Nous avons entendu bien des grossièretez). Dér. de grossier; suff. -eté (cf. -ité). Fréq. abs. littér. : 458. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 558, b) 666; XXe s. : a) 805, b) 629.

grossièreté [gʀosjɛʀte] n. f.
ÉTYM. 1642, sens 2, « épaisseur »; de grossier.
1 (1690). Vx. Caractère de ce qui est grossier (II., 1.), de peu de valeur. || La grossièreté d'un tissu, d'une matière.
1 Il avait modelé la femme en forme d'amphore (…) et il parvint à racheter la grossièreté de la matière par la magnificence des contours.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 116.
Caractère de ce qui est imparfaitement façonné, exécuté. || La grossièreté d'un assemblage. || La grossièreté d'une exécution musicale (→ Choquer, cit. 5). || Grossièreté de fabrication.
2 Un temps j'ai cru que l'ordinaire bille de verre me contenterait, pourvu qu'elle fût chargée de sa grossièreté de fabrication, résignée à son bas prix.
Colette, Belles saisons, Derniers écrits, p. 258.
2 Vx ou littér. (Correspond à grossier, II., 3.). Manque de délicatesse, de subtilité, de culture, de raffinement. Barbarie; → Barbare, cit. 10. || La grossièreté du peuple. || Grossièreté des mœurs. Brutalité, rudesse, rusticité; → Barbare, cit. 13. || Des vices, dans toute leur grossièreté. Bassesse; → Apprêt, cit. 9. || Amitié (cit. 12) exempte de toute grossièreté. || Grossièreté d'une personne qui manque de savoir-vivre. Butorderie (rare).
3 Alexis, âgé de vingt-deux ans, se livra à toutes les débauches de la jeunesse, et à toute la grossièreté des anciennes mœurs (…)
Voltaire, Hist. de Russie, II, X.
4 Quand ils ne jouaient pas, les viveurs du temps de Molière faisaient pis. Ils avaient un terrible fond de grossièreté et de férocité. Il ne faut point se laisser prendre à la belle tenue toute superficielle du grand siècle.
J. Lemaître, Impressions de théâtre, IIIe série, Molière, I.
5 (…) le représentant soviétique dans les conférences internationales : il sait allier le charme et la brutalité, l'amabilité et la grossièreté, la souplesse et la violence; et avec lui on ne sait jamais sur quel pied danser (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, p. 150 (→ Danser, cit. 9).
6 Le comte fut d'avis que cette impolitesse, dont il convenait, se rattachait à la grossièreté générale de l'époque.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 151.
Rare. || La grossièreté d'un mensonge, d'une erreur, son caractère grossier.
(Une, des grossièretés). Action peu délicate, dans les relations sociales. Goujaterie, impolitesse, incorrection, insolence, lourderie (ou lourdise), muflerie. || C'est là une suprême grossièreté (→ Gagner, cit. 51).
3 (Av. 1696). Plus cour. (Correspond à grossier, II., 4.). Caractère de ce qui offense la pudeur, les bienséances. Inconvenance, obscénité, trivialité, vulgarité. || La grossièreté d'un mot, d'une plaisanterie, d'une conversation.Par ext. Caractère d'une personne grossière dans son langage. || La grossièreté de ce garçon est étonnante, avec l'éducation qu'il a reçue.
7 On trouve, dans Catulle, deux choses dont la réunion est ce qu'il y a de pire au monde : la mignardise et la grossièreté.
Joseph Joubert, Pensées, XXIV, XXXV.
8 (…) si les hommes ne sont pas toujours polis, les femmes, par contre, sont toujours d'une inqualifiable grossièreté.
Maupassant, Correspondance, p. 118.
9 Est-il possible de lui faire comprendre que, même devant l'appareil inanimé, s'il se conduit avec impertinence, avec inconvenance, avec grossièreté, il insulte non seulement au talent des artistes, mais encore, selon la nature de l'émission, à l'intelligence, à l'art, à la science, à la religion ?
G. Duhamel, Manuel du protestataire, VI.
(Une, des grossièretés). Mot, propos grossier. Mot (gros mot); → Argot (cit. 9). || Dire, débiter des grossièretés. Cochonceté (fam.), cochonnerie, obscénité, ordure, saleté; → Dire des horreurs, parler gras. || Grossièreté à l'adresse de qqn. Injure, insulte.
10 Il appelait allégrement toutes choses par le mot propre ou malpropre et ne se gênait pas devant les femmes. Il disait des grossièretés, des obscénités et des ordures avec je ne sais quoi de tranquille et de peu étonné qui était élégant.
Hugo, les Misérables, III, II, III.
CONTR. Finesse. — Délicatesse. — Amabilité, civilité, complaisance, courtoisie, éducation, élégance, goût, politesse, raffinement. — Attention, égard. — Bienséance, convenance, correction. — Distinction.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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